Articles de Cantley 1889 dans L'Écho de Cantley

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Les bénévoles de Cantley 1889 ont écrit plus de 150 articles mensuels sur l’histoire locale qui ont été publiés dans L'Écho de Cantley, une organisation sans but lucratif bilingue qui produit le seul journal communautaire de Cantley.

L’article qui suit est reproduit ici avec l’autorisation de L’Écho de Cantley, Avril 2025, Volume 36 no 9.

Les pâturages d’Hubert McClelland

Hubert McClelland , Traduction gracieuseté des bénévoles de L’Écho de Cantley.

Depuis 195 ans, les terres agricoles pittoresques de Cantley font partie de son identité rurale et nous rappellent sa tradition agricole. Comme explique Hubert, grâce à une bonne gestion agricole, les pâturages d’aujourd’hui peuvent contribuer à la santé de notre environnement.

Les 25 acres de pâturage d’Hubert le long du chemin Saint-Andrew. Au fond, on voit le pâturage de son frère Bob et la propriété historique Sifton-McClelland

En 1908, mon arrière-grand mère, Elizabeth Kerr McClelland, s’est acheté une terre de 100 acres faisant partie de la ferme MacAlindon. La terre comprenait à peu près 25 acres de sol arable, un petit lac, des pâturages pauvres et de la broussaille. Il y avait aussi une imposante colline de 28 acres de gravier qui avait été vendue à Jean-Paul Chénier en 1954 et qui l’avait transformée en carrière de gravier. La carrière a été exploitée à fond jusqu’en 1974 et aujourd’hui elle est devenue le site du parc des Glaciations de Cantley. Il me reste 50 acres de la terre originale : cinq acres de terrain broussailleux où Hydro Québec détient une servitude; 20 acres de broussailles et de terrain marécageux ainsi que le lit du ruisseau Blackburn; puis 25 acres de pâturage le long du chemin Saint-Andrew.

J’y ai fait brouter mes vaches laitières jusqu’en 2023. Aujourd’hui, on y trouve 15 génisses qui y broutent de mai à octobre, ce qui me permet d’assurer un fourrage constant pour mon bétail sans avoir à labourer la terre. Depuis les derniers 50 ans, on a labouré des petites portions en réense mençant d’un bon mélange de légumineuses et de graminées pour le bétail. Les services hydroélectriques pompent et alimentent le pâturage en eau, de sorte que les vaches n’ont pas à se rendre au ruisseau Blackburn pour boire. Cela me permet aussi d’électrifier la clôture pour contrôler le mouvement des vaches dans le pâturage. Je déplace mes vaches de part et d’autre du ruisseau Blackburn en traver sant son ponceau.

Je pratique une forme d’agri culture régénérative en contrô lant le broutage. Je peux ainsi éliminer les dépenses d’engrais et autres coûts de production tout en maintenant une prairie durable et en produisant du bœuf et du lait de qualité. L’animal qui broute remet aux pâturages de 90 à 95 % des nutriments qu’il consomme. La plupart de l’azote, du phos phore et du potassium qui se trouvent dans le foin et l’herbe qu’il mange sont retournés au sol par le fumier et l’urine. Mes dépenses consistent uniquement à acheter le sel et les minéraux que j’ajoute aux mangeoires. Parfois j’utilise un produit chimique pour contrô ler les mouches ou je me sers d’étiquettes d’oreille impré gnées de pesticide. En 2024, je n’ai utilisé aucun pesticide ou contrôle parasitique contre les mouches.

Principes de base pour un broutage efficace et contrôlé

  • La période de broutage doit être aussi courte que pos sible, d’un jour à seulement quelques heures.
  • Empêcher que l’animal ne consomme plus que 50 % d’une plante afin qu’il reste suffisamment de surface feuillue pour que la plante puisse capturer les rayons du soleil nécessaires pour continuer à pousser.
  • Après le broutage contrôlé, allouer une période de repousse la plus longue possible (habituellement de 20 à 60 jours) pour que l’herbe puisse se regénérer et que ses racines conservent suffisamment de réserves pour subsister à un prochain broutage.
  • Permettre aux herbivores de brouter au pâturage seule ment avant que les plantes ne montent en graines. Dans la plupart des cas, le foin devrait être récolté avant que les semences apparaissent.

Résoudre l’enjeu du carbone en « faisant pousser » de la terre

Selon Steven Kenyon, un fer mier de l’ouest (www.greenerpasturesranching.com),
« L’enjeu du carbone auquel nous faisons face est une équation mathématique. Pour atteindre la neutralité, nous devons séquestrer (capturer) autant de carbone que nous émettons. Le problème avec la société d’aujourd’hui est que nous cherchons seulement à réduire nos émissions… Et en ne mesurant que les données liées à la réduction d’émis sions, nous arrivons à prouver nos réussites scientifiquement pour ensuite s’en vanter. Mais si nous cherchons seulement à réduire nos émissions, nous n’atteindrons jamais la neutralité en carbone. Le calcul est simple : 1-1=0. En agriculture, nous avons l’avan tage de pouvoir séquestrer le carbone. Malheureusement, la plupart des fermes ne le font pas et émettent plus qu’ils ne séquestrent. Le but d’une ferme de broutage bien gérée est de faire pousser de la terre, et on accomplit ceci en utilisant le bétail pour gérer la polyculture vivace (les fourrages). Les plantes, de concert avec les ou vriers souterrains (vers de terre, bousiers, fourmis, bactéries, champignons), nous aident à séquestrer le carbone. »

Si on prend des mesures avant et après une période de broutage intense, on peut voir combien le contenu organique du sol a augmenté, combien de carbone a été séquestré et combien de sol a été ajouté. Les sols appauvris qui ne possèdent que 2 à 3 % de matière organique peuvent être améliorés jusqu’à 6 % ou plus avec le temps. Ceci pourrait aussi améliorer la capacité du sol à retenir l’eau, réduisant ainsi les effets dévastateurs des sécheresses. Les fermiers experts de l’Ouest canadien mettent au défi l’expression « Ça prend 100 ans pour ajouter un pouce de sol ». Les fermiers d’ici devraient faire pareil.

La ferme historique Smith, du côté est de l’autoroute, en face des pâturages McClelland. Pierre Bélisle, Cantley 1889 Virtual Museum..

 

Les génisses d’Hubert. Les essentiels de la bonne gestion de broutage : l’eau, le sel et des minéraux, l’herbe et des herbivores.

 

Les génisses de boucherie de Hubert pâturent brièvement le long du chemin St. Andrew avant de traverser le ponceau du ruisseau Blackburn entre les pâturages ouest et est.
Les génisses d’Hubert broutent, 2022.

 

Le ruban électrique flexible se déplace facilement pour rationner le montant d’herbe qui est consommé par jour, ou par mesure de temps que la bétail broute.

 


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