Les bénévoles de Cantley 1889 ont écrit plus de 150 articles mensuels sur l’histoire locale qui ont été publiés dans L'Écho de Cantley, une organisation sans but lucratif bilingue qui produit le seul journal communautaire de Cantley.
L’article qui suit est reproduit ici avec l’autorisation de L’Écho de Cantley, Juillet 2023, Volume 35 no 1.
En 2020, Louise Schwartz, éditrice de la publication annuelle Up the Gatineau! de la Société historique de la Vallée de la Gatineau (SHVG) a contacté l’organisation Cantley1889 à propos de quelques obscures coupures de journaux qu’elle avait trouvé, datant du début des années 1900 qui se référaient aux chutes High Falls situées du côté est de la rivière Gatineau. Ni le SHVG, ni Cantley1889, ni nos ainés n’avaient entendu parler de cet endroit. Intrigués, quelques-uns d’entre nous avons entrepris de résoudre ce mystère fascinant des chutes High Falls de Cantley. Son histoire a été publiée dans l’édition 2021 de Up the Gatineau!
Nous avons commencé par investiguer les berges de la baie du Fer à Cheval de la rivière Gatineau, qui se situe en face du parc Mary-Anne-Phillips. Ce fut ici, à l’île Chelsea, entre les rives de Chelsea et de Cantley, que se trouvait au début des années 1910 un centre de villégiature et des chalets. À Chelsea même se trouvait le Chelsea’s Grove, un parc populaire et, un peu plus loin, une gare.
La rivière, avant la fin de la construction des barrages Paugan, Chelsea et des Rapides- Farmer en 1927, était radicalement différente. Les barrages ont transformé ses eaux rapides et turbulentes en un lac, créant ainsi la baie du Fer à Cheval. Avant l’année 1927, cette baie n’existait pas et les eaux de la rivière bouillonnaient jusqu’aux pittoresques chutes Chelsea, un endroit préféré des artistes et des photographes. Il est intéressant de noter que certaines images produites représentaient le côté ouest en direction de l’Île Chelsea, signifiant que ces artistes ont pu s’installer sur les berges plus sauvages de Cantley. On pouvait donc accéder à la rivière à partir des rives de Cantley malgré le terrain accidenté et une rue principale cahoteuse. Vers 1910 les automobiles sont devenus plus abordables et les conducteurs de la ville aimaient bien s’évader en campagne. Des randonneurs auraient-ils osé s’aventurer le long de des rives relativement inconnues de la rivière Gatineau?
Les bénévoles de Cantley1889 étaient excités par la découverte d’un ancien plan d’abattage indiquant que le nom des rapides et des chutes à cet endroit n’était pas Chelsea Falls, tel qu’on l’indique sur des plans plus récents, mais High Falls. Nous avons conclu que les chutes ont dû être renommées les chutes Chelsea durant le développement de l’Île Chelsea. Par contre, à Cantley, on a continué à appeler ces chutes, ainsi que le parc sur les rives à sa proximité, High Falls.
Les procès-verbaux du conseil administratif ainsi que d’autres coupures de journaux (des années 1910 à 1921) démontrent que ce n’était pas uniquement Chelsea qui attirait les visiteurs de Hull et d’Ottawa. L’édition du soir du Evening Citizen du 4 juin 1910 décrit High Falls sur la rive est de la rivière comme « une clairière et un parc... un très joli terrain » qui était « très populaire... en raison de son bel emplacement... à environ 10 milles d’Ottawa ».
Un reportage dans le Ottawa Evening Journal du 28 juin 1917 a noté que le pique-nique annuel de l’école du dimanche de l’église presbytérienne Sion de Hull, qui a eu lieu à High Falls, a été « le plus réussi de toute l’histoire de cette église ».
À sa réunion de juillet 1921, le Conseil administratif de Cantley a octroyé à Philorum Charron, moyennant des frais de 3 $, un permis saisonnier pour vendre de la crème glacée « à ou près de High Falls ».
Quelques libertins auraient eux aussi profité des chutes High Falls de Cantley. Un reportage dans le Citizen du 18 juillet 1921 décrit les « nombreuses plaintes » reçues à propos de « du comportement des baigneurs... que l’on remarque surtout en fin de semaine » quand « des groupes d’automobilistes venant d’Ottawa ont pris l’habitude de garer leurs voitures sur les rives de Cantley et de se baigner sans maillot. »
L’incident le plus scandaleux se trouve dans un reportage publié par le Evening Citizen en mai 1910. La police a inscrit le nom de plus de 50 personnes... et a saisi 17 oiseaux… à un combat de coqs à High Falls. Il s’agissait d’un combat de prestige avec des coqs élevés spécialement pour ce type d’activité et équipés d’ergots tranchants. On plaçait les coqs dans un enclos où ils se battaient jusqu’à la mort, et ce à des fins de divertissement, de paris et de jeux d’argent. Le reportage continue ainsi: « Les deux policiers... sont arrivés à High Falls, un centre de villégiature à peu près en face de Chelsea. Lorsqu’ils sont arrivés, deux combats étaient déjà terminés et un autre en cours... »
Du Parc Mary-Ann-Phillips, on peut apprécier la vue de la rivière et, si on regarde vers la gauche, juste avant le barrage Chelsea, on peut imaginer, sous l’eau, la scène pittoresque d’il y a un siècle : les chutes, le parc, les pique-niqueurs, les baigneurs et le bon vieux temps aux chutes High Falls de Cantley.