Cet article a été publié par l'Écho de Cantley Mars 2022, Volume 33 no 8. L'Écho de Cantley a explicitement autorisé la publication de ces articles pour l'information et le plaisir nos lecteurs.
Huit maisons s imples (avec une plus récente au milieu), habilement disposées autour d’un cercle de la rue Bouchette marquent la Place du Neufbourg, un projet résidentiel apparemment ordinaire de Cantley - mais moi, je sais que ce n’est pas le cas.
En 1995, en tant que nouveau résidant, j’ai marché derrière ma cour, au bout de mon terrain où j’ai trouvé un étang à grenouilles fraîchement creusé dans la forêt, une magnifique cabane à sucre et des plaques indiquant le nom des types d’arbres en français et en latin. J’ai posé la question à ce sujet à un voisin. « Oh, c’est le projet Neufbourg », a-t-il dit. « Ils sont spéciaux. »
Spéciaux, certainement. En 1979, quatre couples : Claudette Dionne/Bernard Bouthillette, Lucille Plourde/ Marc-André Tardif, Yvon Belle Isle/Irene Dicaire et Benoit Bégin/Monique Telmosse ont décidé de déménager ensemble à la campagne pour « créer une communauté ». Ils ont acheté 17 acres et l’ont appelé spontanément « Neufbourg » - « bourg » signifiant village rural et « Neuf » en raison de sa création récente. Ils ont cherché à créer une communauté « d’entraide, de partage, de croissance personnelle et de spiritualité ». La « spiritualité » prise dans son sens large - certains résidants étaient affiliés à l’église (d’autres non). Beaucoup se sont identifiés à diverses causes nationalistes et sociales. Ils étaient en avance sur leur temps, surtout pour le Cantley de 1979.
Des projets d’aménagement d’infrastructures s’ensuivirent, dont : une route, un ponceau pour un ruisseau important, des puits artésiens. Le projet original d’un immeuble multi-logements avec sous-sol commun a été catégoriquement refusé par Gatineau (Cantley faisait alors partie de Gatineau) « une maison sur une acre » étant le principe de base de la planification rurale. Enfin, Gatineau a accepté le nouveau plan : huit terrains distincts de 1,5 acre (comme des pointes de pizza rayonnant d’un cercle) avec un parc communautaire au milieu. Après l’arpentage légal, le plan d’ingénieur et les installations électriques, tout était en place - terrains vendus 10 000 $, chacun à des connaissances qui partageaient la « vision du Projet Neufbourg ».
Dès 1982, des maisons et le parc communautaire avec ses balançoires et sa piscine hors terre ont été créés. Neufbourg était une réalité. Les résidants ont signé une « charte » légale (qui comprenait une stipulation interdisant les clôtures entre les propriétés). L’Association des propriétaires de Place Neufbourg a été créée. Quatre autres couples se sont ajoutés au cours des années suivantes : Michel Legault/Lucie Smeltzer, André Loranger/Raymonde Fortin, Jean-Marie Morin/ Pauline Bouchard et Clarisse Olivier et Yolande Mainville.
Par la suite, 20 ans de bonheur essentiellement communautaire avec ce qui semblait être une interminable série de célébrations : les 10e et 20e anniversaires du Projet, la Journée internationale des femmes (le 8 mars – avec les hommes préparant la fête), la fête des Rois chaque mois de janvier (avec proclamations et costumes médiévaux), la Saint-Jean et de nombreux soupers, anniversaires et fêtes mémorables. La cabane à sucre était un attrait particulier pour la communauté, rappelant à Marc-André Tardif ses racines beauceronnes. Les réalisations et les jalons ont été nombreux, alors que Neufbourg a aidé à propulser Cantley de « village réculé » à communauté québécoise moderne. Les causes comprenaient :
Toutefois, comme le note Marc-André Tardif dans ses mémoires, Le Projet Neufbourg, doit « finir ou évoluer ». Les résidants ont commencé à vendre leur maison à partir des années 1990 pour se rapprocher des parents vieillissants ou des petits-enfants, et beaucoup sont décédés. Aujourd’hui, 43 ans plus tard, seuls Michel Legault et Lucie Smeltzer y résident encore, fiers de faire partie de l’un des « projets » historiques les plus uniques et les plus importants de Cantley.