Les bénévoles de Cantley 1889 ont écrit plus de 150 articles mensuels sur l’histoire locale qui ont été publiés dans L'Écho de Cantley, une organisation sans but lucratif bilingue qui produit le seul journal communautaire de Cantley.
L’article qui suit est reproduit ici avec l’autorisation de L’Écho de Cantley, juin 2015, Volume 26 no 11.
La toponymie est la science qui étudie et gère le nom de lieux. Tout endroit public (routes, parcs, zones publiques, cours d'eau, édifi ces publics, et autres) devrait avoir un nom qui le distingue. La toponymie est le système employé pour nommer ces lieux.
Ces noms peuvent servir de codes de lieux qui permettent de trouver un endroit dans un contexte géographique. Sur le plan culturel, la toponymie est axée sur les gens et les lie à l'histoire et à la culture de leur communauté. Le nom de lieux peut aussi exprimer l'identité et rappeler des événements, des gens, des phénomènes naturels et des caractéristiques de l'industrie et de la géographie qui alimentent notre mémoire collective. Le Québec prend la toponymie très au sérieux : sa Commission de la toponymie a le dernier mot sur le choix du nom de tous les lieux publics, tels que les routes, les écoles, les ponts et autres.
Pourtant, rares sont ceux qui savent vraiment d'où vient le nom de la rue où ils vivent, se rendent chaque jour et élèvent leurs enfants. Oui, certaines rues ont été nommées en l'honneur de grands pionniers et de grandes personnalités de Cantley. Les rues Blackburn, Prud'homme et Fleming nous rappellent, par exemple, le dur labeur et les efforts fournis avant notre temps pour fonder notre municipalité. D'autres voies ont été nommées d'après des caractéristiques humaines ou naturelles, telles que « Ste-élisabeth », « Source », « Traversier » et « St-Andrew ». Trop souvent, cependant, le nom de nos rues provient directement du programme promotionnel du promoteur qui, en aménageant un lotissement, souhaite donner un cachet aux maisons qu'il vendra (sans assurer de lien avec la communauté). Voilà pourquoi certaines rues portent le nom de peintres français, de planètes ou de stations de ski. Certaines rues de Cantley portent même le nom des enfants de ces promoteurs.
Combien de rues à Cantley portent un nom ayant un lien ténu avec la communauté? Et comment faire pour changer un nom? De nos jours, la procédure suivie pour nommer de nouvelles rues commence encore avec le promoteur, mais comporte une forme de « consultation » (il n'existe aucune politique en matière de toponymie à Cantley). Le Comité de l'urbanisme peut apporter sa contribution, tout comme Cantley 1889, l'organisme récemment mis sur pied pour mettre en valeur le patrimoine de Cantley, avant que le Conseil approuve le nom. La proposition de nom est ensuite acheminée à la Commission de la toponymie de la province pour l'approbation finale. La Commission doit s'assurer que le nom refl ète la « démographie québécoise ». Le nom de personnes (en français ou en anglais) peut être utilisés, si elles sont décédées. Les personnes portant le nom « Milks », « Dean » et « Brown » souhaitent vivement que quelque chose porte leur nom.
La procédure pour changer le nom d'une route est quelque peu floue. Le nom « Ferry Road » a été remplacé par « chemin du Traversier », celui de « rue Principale » a été remplacé par « montée de la Source », pour établir une distinction, lorsque Cantley a obtenu son indépendance de Gatineau en 1989.
La situation semble toutefois en voie de changer. En réponse à notre lettre de février 2015, la mairesse Brunette a accepté de consulter Cantley 1889, le groupe qui met en valeur le patrimoine de Cantley, avant de nommer une nouvelle rue. La Mairesse a également demandé à Cantley 1889 de lui dresser une liste de suggestions de noms à examiner. Le tableau suivant montre les sept catégories dans lesquelles s'inscrivent les noms actuels de toutes les rues de Cantley et le pourcentage associé à chacune.
L'histoire de Cantley est caractérisée par le dur labeur et des réalisations. Grâce aux sacrifi ces des premiers colons, nous avons la chance de vivre dans la communauté que nous connaissons aujourd'hui. Cantley ne mérite-t-elle pas d'avoir sa propre « politique toponymique »? Ne devrionsnous pas essayer d'augmenter le nombre de rues qui portent le nom des gens et des industries locales qui ont bâti notre communauté? Espérons que, dorénavant, le nom des chemins de Cantley feront l'objet d'une plus grande réflexion, pour que les citoyens puissent prendre conscience de l'importance de notre histoire grâce au nom des lieux publics. Vive la toponymie!